Le spectre

Soulève la paupière close Qu’effleure un songe virginal, Je suis le spectre d’une rose Que tu portais hier au bal.

Tu me pris encore emperlée Des pleurs d’argent de l’arrosoir, Et parmi la fête étoilée Tu me promenas tout le soir.

O toi, qui de ma mort fut cause, Sans que tu puisses le chasser, Toutes les nuits mon spectre rose À ton chevet viendra danser.

Mais ne crains rien, je ne réclame Ni messe ni De Profundis; ce léger parfum est mon âme Et j’arrive au Paradis.

Mon destin fut digne d’envie, Et pour avoir un sort si beau Plus d’un aurait donné sa vie, Car sur ton sein j’ai mon tombeau, Et sur l’albâtre où je repose Un poète avec un baiser Écrivit : Ci-gît une rose Que tous les rois vont jalouser.

Le spectre de la rose – Théophile Gauthier // des roses après la pluie de la nuit, chez moi, 9-05-19

4 réflexions au sujet de « Le spectre »

    1. Vous en connaissez la musique bien entendu 🙂 sans doute ces vers impeccable sont-ils très adaptés aux notes du grand Berlioz… Je crois savoir qu’ils ont été écrit les uns avec les autres… Quelle époque !

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