Jour d’automne

 

La pluie et du jaune et du rouge sur le vert Au loin des sirènes Les cygnes ne  bronchent pas Ni les cormorans en forme de croix

 

Les arums mortels ont envahi le sous-bois déjà pris par le lierre Il ne faut pas perdre la trace dans les feuilles mortes qui mènent sur la rive

Les menaces sont nombreuses à qui marche ici Coups de feu Nuit Chutes Rupture Froid Peur Violence humaine pour du trafic Blessures Fascistes Armes Pluies glaçantes sur l’humanité

L’humanité

Mais les arbres.

Île de l’Oiselet, sur le Rhône – 2-12-18 

Dieu aux corbeaux

Corbeau, loyal serviteur des dieux et des hommes. Il est la personnification des dons de connaissance et de savoir d’Odhinn. Deux corbeaux sont perchés sur ses épaules et lui disent à l’oreille tous les événements qu’ils voient ou entendent. L’un s’appelle Huggin (‘la Pensée’) et l’autre Muninn (‘la Mémoire’). À l’aube, il les envoie parcourir le monde entier et à leur retour, il s’enquiert de toutes les nouvelles qu’ils ont à lui annoncer. C’est pour cette raison qu’il est appelé le  »dieu aux corbeaux » et qu’il est omniscient. En outre le corbeau est au service de la vie: lors de la navigation, il indique le bon chemin. C’est ainsi que l’un des découvreurs de l’Islande, Floki Vilgerdharson, se serait servi de trois corbeaux censés lui avoir indiqué sa route. En mer, il lâcha le premier, qui revint se poser sur l’étrave. Le second vola droit en l’air, puis revint au bateau. Le troisième vola tout droit au-devant de la proue dans la direction où ils découvrirent le pays. (Une histoire semblable se trouve dans le livre de la Genèse, VIII, 6-7.)

L’image du corbeau n’est pas sans ambivalence : dispensateur de vie, bienfaiteur des hommes, il est aussi présage de mort, car c’est un charognard. Cette ambivalence est également la caractéristique d’Odhinn, qui prodigue tantôt la victoire, tantôt la mort.

On retrouve le corbeau dans l’ancien nom de la ville de Lyon, Lugdunum, qui signifie ‘colline de Lug’. Chez les Celtes, Lug (‘le Guerrier’) est le dieu de la guerre et de la victoire. Il protège les arts, tout comme Odhinn, chez les Nordiques, et est à la fois le dieu de la victoire et de la poésie. Le mot dérivé de son nom, lugos, dans la langue des Gaulois, est utilisé pour désigner le corbeau, oiseau oraculaire.

Les gonfanons des Vikings arboraient d’ailleurs l’image d’un corbeau qui déployait et faisait battre ses ailes afin d’obtenir d’Odhinn la victoire.

Patrick Guelpa, les 100 légendes de la mythologie nordique – Que sais-je.

Dommage qu’aujourd’hui le corbeau ne soit plus associé qu’à la mort (sorcières, charognes et fantômes). Fascinant, non, ce glissement des symboles, du sens qu’on leur donne, au fur et à mesure que s’écoulent les siècles … Témoins d’appauvrissement de la pensée ou à l’inverse, d’installation enrichie siégeant dans le dictionnaire, témoins des modes, des pouvoirs dominants, des aversions ou des attirances… Que va devenir notre corbeau, dans ce XXIe s. ? un nom sur un inventaire détaillée de la faune en voie de disparition ou de nouveau l’intercesseur entre le ciel et nous ? L’avant dernier opus de Lou Reed, ‘The Raven’, construit sur le ‘The Raven’ de Poe que Doré a illustré… histoire d’amour et son fantôme matérialisé par un corbeau… me paraît être la dernière allusion du XXe s. au corbeau. Allez, Pensée…  Avance … !

Un corbeau dans les platanes – sur mon chemin, 15-11-18.

Une route

…  »Y’a une route C’est mieux que rien Sous tes semelles c’est dur et ça tient…. » G.Manset

Cette route, unique, quitte Méthamis par la gauche au fond, et grimpe en lacets dans les monts sauvages du Vaucluse. Là, tout y est sauvage, pas de maisons ou alors rares, des fermes, encore actives qui cultivent la cerise, des raisins et de la lavande. Il serait très facile de disparaître de la surface du monde dans ces monts… et j’y ai rencontré d’étranges habitats au milieu de nulle part, isolés, cachés… et pas âme qui vive malgré les traces évidentes de leur vie et ça me laisse toujours « songeur ».

-sur la route de Méthamis à Monnieux – 18-11-18-

 

3 – Rien ne va plus

 

Ça ne s’arrange guère on dirait. Pourtant à en croire les gens que je rencontre « ça va ». Je cherche l’indiscernable changement de ton, le plissement de l’oeil, l’ombre sur les traits dans le « ça va » de base qu’on s’échange tous… mais, rien. Est-ce moi qui prend trop au sérieux ce que j’entends, lis, vois, vis et ressens ? Parce que non, vraiment, à mon avis « ça ne va pas » , et même « rien ne va plus ».

Ce midi sur F.Inter, au journal pendant que je déjeunais : « L’ONU alerte : les quantités mesurées du CO2 n’ont jamais été aussi importantes dans l’atmosphère de notre planète ». Cool. Et donc ? Et donc rien, « ça va »…. (Que fais-tu pour Noël ? voyage low cost sur ta planète ? bonjour ton empreinte carbone… Hyper consommation dans les zones commerciales, et autres centres villes de notre belle France, devenue aussi vulgaire dans ces galeries marchandes surchauffées et suréclairées et « sur » tout, qu’une poule de luxe appareillée pour riches vieux beaux ? bonjour les emballages papier et plastiques que ça génère dans les containers prévus à cet effet, et puis bonjour le budget parce que les prix… Ski sur neige artificielle ? les communes des Alpes ne manquent pas de ressources : ça bombarde d’eau « ensemencée »… Bon, il n’ y a plus d’eau dans le Doubs et les forêts du Jura sont sur le point de non -retour mais « ça va ». Il va bien pleuvoir.) Surtout ne changeons rien. On est le 22 novembre 2018, ce soir il fait 13°C chez moi. Rien d’exceptionnel, pourtant, depuis le mois d’août, il a fait froid 3 jours et le solstice d’hiver approche, c’est à dire que les jours rallongeront… déjà…..

Je viens de terminer un livre édifiant : Histoire de la Peste, au PUF par Jean Vitaux, version Kobo (un Kobo est un lecteur fnac et pas un nouveau dialecte africain). Pas très bien écrit, un peu répétitif parfois mais passionnant, car on y apprend TOUT sur la façon dont fonctionne une épidémie de peste, sur son histoire et donc celle des hommes… Comment ne pas anticiper, vu le nombre d’habitants sur Terre, vu l’avancée de la pauvreté, vu le réchauffement (montée des eaux, acidification des océans, dégel des pergélisols, douceur des températures, transformation de l’atmosphère) que les années qui arrivent ne vont pas être le théâtre d’effroyables épidémies ?

Bon, « ça va » pour ce soir. Je vais finir de regarder Terminator 2 sur OCS que je n’avais jamais vu. Incroyable de constater qu’en 1991, James Cameron avait anticipé drônes, I.A, guerre totale… ainsi que la pauvreté de la langue même si j’y ai entendu des quantités d’insultes inimaginables et qui m’étaient totalement inconnues jusque là !  Il n’y a pas d’âge pour apprendre.

 

 

2 – Tout va très bien madame la marquise

En vrac : C’est vraiment l’automne aujourd’hui, pluies, gris, gris, pluies et surtout un ait plutôt frisquet qui rabat la tête dans l’écharpe. J’ai appris durant la séance de dessin ce matin qu’il n’y a plus d’essence dans les stations par ici … ça bloque vraiment et personne n’a été prévenu. Étonnant non ? Mon départ du réseau FB, s’il me convient parfaitement bien, a suscité des messages de sympathie parfois émouvants… mais les signaux dans la presses sont pourtant éloquents

https://standblog.org/blog/post/2018/11/20/Le-naufrage-moral-de-Facebook

https://www.laquadrature.net/2018/11/14/censure-antiterroriste-macron-se-soumet-aux-geants-du-web-pour-instaurer-une-surveillance-generalisee/?fbclid=IwAR0_s8447cUzCBa1aOhBygNM7UHKulHhaJclylTOphlxUIHsmY-GxiegQKg

Est-ce à dire que la majorité s’en fiche ? J’ai envie de crier : « Fuyez ! Fous que vous êtes !  » …. ces articles ont été bloqués sur FB… Mais chacun a ses limites.

Merci à tous les témoignages d’intérêt que j’ai pu lire, et qui me confortent dans l’idée de notre liberté gagnée, qu’il ne faut pas laisser saccager par des margoulins avides. Paradoxal ? Non, l’internet , les réseaux sociaux, sont des outils qui sont extraordinaires à la base, ils permettent de publier et de donner à partager, de l’art , de la culture, des informations .. de l’humanité. Voilà pourquoi c’est précieux. Voilà pourquoi il ne faut pas se laisser aller et s’abandonner soi-même. Moi je souhaite continuer à publier, plus que jamais je dirai même, quel que soit le moyen. Alors , à plus tard !

 

1 – Chez moi

Le chaud soleil faiblit, le vent glacé gémit, Les rameaux nus soupirent, les fleurs pâles expirent, Et l’Année Sur la terre son lit de mort, dans un linceul de feuilles mortes, Est couchée Venez, Mois, venez, Depuis Novembre jusqu’à Mai, Dans votre noir habit de deuil ; Suivez le cercueil De l’Année dans la mort glacée, Et telles de pâles ombres, veillez auprès de son sépulcre.

Percy Shelley, Automne : chant funèbre – 1 // forêt des monts de Vaucluse, 18-11-18