Amour, amitié…

Durant la seconde moitié du XIVe s., une riche et érudite personne de Sorgues, dans le Vaucluse, faisait décorer les murs de sa demeure d’une fresque au thème courtois, par d’habiles ouvriers de l’atelier d’Avignon.

À cette époque le pape, la curie et la cour, mobiles, s’établissaient à Avignon ( du 3 mars 1309 jusqu’au 13 septembre 1376) dans un palais en cours de construction. Un grand nombre de localités des alentours, parties du comtat venaissin (baptisé ainsi d’après le village de Venasque, niché sur une falaise, place forte à l’abri des assauts, qui devint lui-même le coffre-fort de la papauté, puisque c’est là qu’y était entreposé tout le trésor et toutes les archives de la Chrétienté et d’après ce qu’on dit, il en reste encore), furent prises dans le tourbillon de cette illustre société et pendant tout le XIVe s. le comtat venaissin et Avignon furent un des centres artistique et intellectuel des plus foisonnants.

Parmi les personnalités remarquables, Francesco Petrarca, Pétrarque, laissa de nombreux repères de sa vie ici. Hormis la célèbre Laure de Noves (Noves est un petit bourg vers Châteaurenard, sur l’autre rive de la Durance) , et tous les chants qu’elle lui inspira, il laissa un magnifique petit récit « L’ascension du mont Ventoux », lettre célèbre qu’il écrivit le 26 avril 1336 depuis Malaucène. Pétrarque avait 32 ans et « goûtait depuis dix ans en Avignon la vie mondaine et raffinée de la cour papale, où l’élégance de sa culture et de ses premières œuvres poétiques l’imposent à l’admiration générale. Outre sa sensualité et sa curiosité innées, tout disposait Pétrarque à ce regard si vif sur le site naturel de sa jeunesse. Son enfance provençale, ses études à Carpentras, l’éducation très tôt venue, aussi , de son œil de voyageur à la diversité des paysages, non moins que cette culture italienne, précoce en Europe, pour les libres spectacles de la nature. …/… Mais s’en tenir là serait oublier que ces lieux furent aussi pour Pétrarque ceux d’une aspiration toute contraire. On a souvent noté sa double nature, ambitieuse et frivole, avide de biens et de plaisirs; et cependant inquiète, solitaire, puisant dans la lecture des latins la consolation de sa vie hésitante. Deux dates sont décisives qui cernent l’épisode de la montée au Ventoux. La rencontre en 1333, à Avignon, de Dionigi Roberti da Borgo San Sepolcro, le père augustinien qui devait l’initier à la lecture de l’Evêque d’Hippone. Les deux années de retraite ascétique aussi, qu’en 1337-1338 il vécut auprès de son jeune frère Gherardo un lieu retiré du Vaucluse. L’un est le destinataire de la lettre, l’autre le complice…/… Deux élans s’affrontent dans sa lettre qui lui donnent son admirable tension : une sensibilité si neuve qu’elle ne sait pas ce qu’elle perçoit, et une conscience qui cherche dans son patrimoine spirituel une règle de conduite pour en user. Autrement dit , du vague à l’âme. » Pierre Dubrunquez.  

…  »Aujourd’hui, mû par le seul désir de voir un lieu réputé pour sa hauteur, j’ai fait l’ascension d’un mont, le plus élevé de la région, nommé non sans raison Ventoux »… Mais revenons à notre fresque de Sorgues et qui laisse songeur : Quelle pièce ornait-elle ? Qui était assez sentimental pour commander cette décoration ? Y cherchait-on l’inspiration ou au contraire des réminiscences ? Etait-ce une pièce dédiée aux musiciens et aux poètes de passage ou un endroit de quiétude solitaire ?

la fresque d’un baiser, dans la maison de Sorgues…

Pendant ce temps, à quelques centaines de kilomètres plus au Nord, Guillaume de Machaut écrivait son chef d’œuvre : Le Livre du Voir dit ou Le Dit véridique. (1362-1365) « C’est une histoire d’amour (une jeune femme est amoureuse d’un vieux poète dont elle ne connaît d’abord que la poésie) à la fois très concrète (ce n’est pas un amour de loin : la scène centrale est une scène d’union) et très allégorique. C’est une confession autobiographique sur la vieillesse (G.deM. meurt en 1377 à Reims) et la position sociale du poète, mais aussi et surtout une réflexion sur l’expérience littéraire, les pouvoirs de la littérature, les mouvements de la mémoire qui y sont à l’oeuvre. Ce livre qu’on a pu qualifier de «nouveau roman» du XIVe s, fait alterner des passages narratifs, des chansons, des lettres, et des échappées mythologiques. » Poésie sur la toile.

.. »Ici commence le livre du Voir Dit. Ci commence le livre du Voir Dit À la louange et en l’honneur A la louenge et a l’onnour de très parfaite Amour De tresfine Amour que je honnour, que j’aime et dont je suis le très obéissant et très respectueux serviteur Aim, obeÿ et sers et doubte , ayant placé en elle toute ma pensée Qu’en luy ay mis m’entente toute ; pour ma dame gracieuse, et pour ma gracieuse dame à qui je me suis donné corps et âme, a cuy j’ay donné corps et ame et que j’aime d’un cœur d’ami véritable et que j’aim de vray cuer d’ami, et incomparablement plus que moi-même sanz comparison plus que mi; et en l’honneur d’Espérance la valeureuse et d’Esperance la vaillant , qui jamais ne me faillit au besoin qui unques ne me fu faillant, je veux commencer une œuvre nouvelle vueil commencier chose nouvelle. Je la composerai pour Toute Belle que je feray pour Toute Belle. Et certes j’ai toute raison de le faire : elle est issue d’une si illustre maison, elle est si savante, de si haut prix, que sur la terre entière il n’en est pas une qui soit de vilénie aussi exempte, de qualités aussi bien parée et de beauté à ce point ornée ; car Nature, quand elle la façonna, l’a revêtue d’une forme si séduisante, que jamais encore elle n’avait réussi un ouvrage aussi fin, aussi plaisant, aussi vivace ; et elle aura beau y employer zèle, imagination et peine, jamais plus elle ne fera sa pareille. Bref, la terre entière admire ses mérites, sa beauté et sa très grande loyauté… » Guillaume de Machaut. // photos de la fresque au Petit Palais d’Avignon, décembre 2018.

L’hiver est pour le cultivateur la saison paresseuse. Pendant les froids, les laboureurs jouissent ordinairement de ce qu’ils ont acquis et se donnent entre eux tour à tour de joyeux festins. L’hiver, époque de frairies, les régale et dissipe leurs soucis ; ainsi, quand les carènes chargées à couler ont enfin touché le port, les matelots joyeux mettent aux poupes des couronnes.

Virgile – Géorgiques, I 299-304 // cap Couronne, 10-02-19.

Let me bring you songs from the wood :
to make you feel much better than you could know.
Dust you down from tip to toe.
Show you how the garden grows.
Hold you steady as you go.
Join the chorus if you can:
it’ll make of you an honest man.
Let me bring you love from the field:
poppies red and roses filled with summer rain.
To heal the wound and still the pain
that threatens again and again
as you drag down every lover’s lane.
Life’s long celebration’s here.
I’ll toast you all in penny cheer.
Let me bring you all things refined:
galliards and lute songs served in chilling ale.
Greetings well met fellow, hail!
I am the wind to fill your sail.
I am the cross to take your nail:
A singer of these ageless times.
With kitchen prose and gutter rhymes.
Songs from the wood make you feel much better.

I.A. Songs from the wood. 

sur mon chemin, 5-02-19