…en vrac depuis le 1: de la neige dans les lavandes qui embaument dans le froid, les traces de pattes de cinq loups dans la forêt, un sanglier endormi dans la neige, deux roitelets huppés occupés à dévorer, des hellébores évitées par la neige…
Je vous souhaite des forêts profondes, des chemins sauvages, des émerveillements de ciels, des pas perdus aux sommets… la grâce de la vie ici bas.
On m’a dit, depuis l’enfance, que le Paradis était perdu. Plus tard, à mes pourquoi, on a répondu que c’était à cause du péché originel, autrement dit, l’acte sexuel entre l’homme et la femme qui engendre un autre soi-même. Au fur et à mesure de mes chemins j’ai observé que si l’humanité n’a jamais cessé de vivre cet enfer intérieur en son cerveau, le monde lui, la terre et le vivant qu’elle abrite a continué son existence paisible en ses règles.
Se reproduire au point de surpeupler l’enfer, ah, le péché originel… ça n’a jamais été un enfer que pour l’humanité, et pour preuve de ce drame existentiel la coupe aujourd’hui déborde au point d’empiéter sur le paradis de l’Autre, le détruisant inexorablement.
Avons-nous assisté à une guerre silencieuse contre nous, avant, aujourd’hui, de mesurer l’extinction globale du vivant ? L’humanité domine, l’humanité règne en son enfer. Les autres, ont-ils eu le temps, simplement de contrer l’hégémonie humaine ?
Quand il n’y aura plus qu’elle en son enfer désolé et vide, sans fleurs, ni vigne, sans abeille, sans passereaux, sans saison … alors elle s’assiera sur les rochers, se tapera sur les cuisses puis fera la guerre avec elle-même jusqu’à l’extermination.
Je suis humaine pécheresse pourtant. Mais puisqu’il m’est donné de voir, j’aurais préféré autre chose.
Sur mon chemin, étourneaux grapillant. Mardi 7 janvier 2020.
Les trois états de la fin de l’hiver dans l’amandaie sage. Il y a quelque chose de modeste dans l’amandier mais aussi de raffiné dans le goût du fruit, son parfum et sa couleur,
alors que la cerisaie en fleurs ressemble aux Champs-Elysées qu’on décore de guirlandes à Noël, plus clinquante que l’amandaie, joyeuse comme les fruits ronds, rouges et juteux qui pendent par deux dès le mois de mai.
Printemps après printemps je ressens toujours le même émerveillement quand je me dis que chaque fleur sera un fruit, que chaque fruit porté à ma bouche était une fleur… Sur mon chemin 17-03-19.
Vous me demandez pourquoi je perche sur la montagne bleue ; Sans répondre, je souris, le coeur en paix : Fleurs qui tombent, eau qui coule, tout s’en va et s’efface… C’est là mon Univers, différent du monde des humains.
Le sommeil de printemps ignore volontiers l’aurore, Çà et là, on entend partout le chant des oiseaux. La nuit, au bruit du vent et de la pluie, Combien de fleurs sont tombées sans qu’on le sache !
Quatrains T’ang 1. Li Po 2. Mong Hao-Jan // Sur mon chemin 12-03-19
Viens que je te chante à l’oreille, Les jours dansants ne sont plus Qui portaient soie et satin. Accroupis-toi sur la pierre, Enveloppe ce sale corps Dans un haillon aussi sale. Je porte le soleil dans ma coupe d’or, la lune en un sac d’argent.
Maudis si tu veux je te chante Tout le chant, puisque peu importe Si celui qui te donnait joie Et les enfants qu’il te fit Dorment quelque part comme loirs Sous une dalle de marbre Je porte le soleil dans ma coupe d’or, la lune en sac d’argent.
Aujourd’hui même j’ai pensé, Midi sonnant à l’horloge, Qu’homme n’a rien à prétendre Qui s’appuie sur un bâton Mais qu’il peut chanter, chanter Jusqu’à tomber, que ce soit Devant la jeune ou la vieille, Je porte le soleil dans ma coupe d’or, La lune en un sac d’argent.
W.B Yeats – Quarante-cinq poèmes, traduit par Y.Bonnefoy. // Sur ce chemin, c’était hier, le 10 mars, quelques rencontres remarquables en les narcissus jonquilla et ces deux jeunes chênes, puis la fleur de lune de Véro, un talisman nouvellement arrivé près de moi et qui m’a fait choisir ces deux phrases de Yeats : »Je porte le soleil dans ma coupe d’or, La lune en un sac d’argent ». En rédigeant ces lignes, en choisissant ces photos, j’écoute des airs d’André Jolivet, violoncelle, hautbois et voix… tout s’accorde ici…
Sur mon chemin j’ai rencontré celui là qui ne bougeait pas. Il faisait très chaud, c’était mercredi dernier, le 27. On est resté longtemps comme ça, à s’échanger des pensées, il s’est laissé photographier mais je n’ai pas eu envie de l’effrayer, je n’ai fait que trois photos. La lumière dardante jouait sur les reflets de son plumage et son œil à la pupille étonnante, ne perdait aucun mouvement. M’arrachant à notre rencontre, j’ai fait quelques mètres (j’étais en vélo) et je me suis retournée. Lui aussi était parti, sans un bruit.
Heavy hung the canopy of blue Shade my eyes and I can see you White is the light that shines through the dress that you wore She lay in the shadow of the wave Hazy were the visions of her playing Sunshine on her eyes but moonshine beat her blind everytime Green is the colour of her kind Quickness of the eye deceives the mind Many is the bond between the hopefull and the damned – Roger Waters – in More
canal d’eau du Rhône île de l’Oiseley 17-02-19 // pâquerette des bois dans les Alpilles 24-02-2019